monument aux morts à venir

Film de Eric Pellet, 2002

Ce film trouve son origine dans la découverte fortuite d’un caveau sur lequel le
nom Alighieri Dante précédait les dates 1907 – 1996. Il fait sien ce postulat
énoncé par Roger Lewinter à propos de Diderot : ‘L’esthétique est formalisation
— point de vue humain sur — de la mort’. Il pourrait être sous-titré : ‘De la mort
en son architecture’.
Les paysages filmés ici sont l’image même de la mémoire moderne, avec ses
strates, ses abîmes, ses énigmes. Et pourtant, au-delà des lieux traversés, il est
question de dresser un monument qui ne soit pas physique mais abstrait, tout
en invisibilité ; la durée du film, son défilement forme ‘l’espace’ du monument,
tout en latence et devenir. À leur manière, chacun des sites arpentés met à jour
un vide architecturé : le creux d’une forme géométrique, celle du parallélépipède
rectangle. Ce vide, cette absence inscrits au coeur de l’image sont pleins d’une
mémoire saturée. Ces paysages interstitiels relient le poids du passé au
non-encore-advenu.
Si ces espaces font l’objet d’une construction du regard qui trace des
trajectoires, qui dresse un arpentage, c’est, par-delà la conscience d’un sujet
expérimentant le lieu, beaucoup plus une expression du lieu qui tendra à
poindre d’elle-même : le paysage considéré comme instance regardante.

Aucun article à afficher