Réflexions sur le visible

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Texte de Bruno Le Gouguec, 2008

Saules_Monet.jpg[[CLaude Monet – Saules]]

L’écorce

Les peintres qui cherchent la ressemblance savent bien qu’il faut passer par des vérités de surface pour goûter sûrement (sans égarement) d’autres vérités plus profondes, pour vérifier d’autres ressemblances moins superficielles. La grâce du visible c’est d’être orienté tout en égarant l’esprit bêtement curieux. Il faut être idiot pour croire que l’arbre tout entier est constitué d’écorce, de même il faut être idiot pour croire que les seules apparences visibles (tout le sensible) sont tout le réel. A vrai dire quelques peintres rares qui cherchent la ressemblance rajeunissent les images en goûtant cette sève nourricière du réel qu’ils dissimulent sous un aspect de croutes. Tous les tableaux sont des croutes, même ceux d’une facture délicate, mais il y a croute et croute. Il y a des croutes qui protègent la sève nourricière de l’arbre, le mouvement de l’inspiration, tandis que d’autres ne cachent que du bois mort. Mais quoi qu’il en soit, il faut passer par ces lieux de l’âme ni morts ni vivants pour goûter ce que signifie le visible. Les grands tableaux témoignent de ce passage et provoquent la vision. Les grands tableaux sont des arbres vivants.

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