Lyon – DodesKaden – Zone Cinématographique Temporaire

Des projections/rencontres de mai à juillet 2010

Des membres de Dérives se sont associés à la programmation du lieu. Un lieu occupé/travaillé pour que le nous puisse penser, partager et se rencontrer autour des images et des sons. Une utopie collective autonome.


Le 10 juillet, DodesKaden clôt sa programmation et quitte cinq jours plus tard le 51 montée de la grande côte. Une date de départ décidée dès l’inauguration du lieu pour cette zone cinématographique temporaire qui a permit de souligner la nécessité de faire exister dans le centre-ville de Lyon un lieu dédié aux images en mouvement dont la programmation s’affranchisse des circuits de production et de distribution commerciale.

Pendant ces deux mois d’ouverture, DodesKaden a accueilli plus d’un millier de spectateurs, un public hétérogène et fidèle, des formes cinématographiques singulières, des dispositifs d’écoute et de regard qui modifient l’espace de projection, des performances, des débats, des improvisations musicales et visuelles et surtout des rencontres régulières entre les auteurs et les spectateurs.

Lire l’appel de DodesKaden

JEUDI 24 JUIN – 20h30
DE UN VASTISIMO MAR
FILM-PERFORMANCE

16mm, n&b/coul., son – 50’

yoana urruzola – stefano canapa – josefina rodriguez – julien tarride

De un vastísimo mar est une histoire de restes – des traces et témoignages de temps et d’expériences, comme autant d’éléments qui retracent une enquête fictive.

Il est question d’exils et de l’exil comme rapport. D’un éloignement, forcé ou choisi, à la possibilité du retour, l’axe de ce rapport est modifié ; le déplacement devient sa mise en acte, la clandestinité un de ses paradigmes. Cet exil est une certaine manière d’occuper l’espace, une certaine manière de mentir comme de chercher une verité.

A partir d’un matériau documentaire, d’archives, et d’extraits d’un journal filmé, le film se construit dans le temps d’une performance. Le dispositif est composé par 4 projecteurs 16mm et un système de diffusion sonore. Chaque élément est diffusé et interpreté en direct.

Il ne s’agit pas de poser un discours mais de mettre en évidence la construction d’un récit, autant que ses doutes, la complexité à lui trouver une structure voire même la possibilité de son échec. Son objet est aussi ce qui manque, un trou, une perte – le lieu qui n’a pas de nom.


SAMEDI 12 JUIN – 20h30
AUTOUR DE DERIVES NUMERO 2
CARTE BLANCHE A ANGELA TERRAIL ET SOUFIANE ADEL

Solange vous parle / Fiction / 5 minutes / 16 mm / 2008
Film de Angela Terrail

Solange marche. Démarche singulière d’une femme habitée, les mots échappés d’un corps errant. Une musique surgit comme un ponts vers le monde, vers la joie d’une rencontre.

Devant elle / Fiction / 18 minutes / DV / 2005
Film de Angela Terrail

Une jeune femme française, noire, vit au Mozambique. C’est Lise, elle erre dans la ville, observe sans se mêler, reste lointaine. Quelqu’un la filme dans sa chambre d’hôtel, Lise parle d’elle, avec maîtrise et distance. Puis peu à peu, elle se dévoile, lâche prise, pour un instant.

Kamel s’est suicidé six fois, son père est mort / fiction / 9 minutes / 35mm / 2008
Film de Soufiane Adel

Un soir dans la semaine, mon grand-père Tahar décède en soins palliatifs. Zouina, sa belle-fille est là. Aziz, son fils est là. Fayçal est là. Je suis là. Dieu n’est pas là ? Kamel arrive trop tard.

La cassette / Documentaire / 20 minutes / 35mm / 2007
Film de Soufiane Adel

Août 1989, ma mère Zouina quitte la Kabylie avec mes deux soeurs, mon frère et moi, pour rejoindre mon père, mécanicien en France.Trois mois plus tard, elle reçoit une cassette d’Algérie.


DIMANCHE 30 MAI – 20 H
COLLECTIF & CINEMA : LA FABRIQUE D’UN COMMUN ?

Discussions et projections de ciné-tracts et de morceaux choisis des films collectifsSalaud d’argent : titre provisoire et Portraits au travail (sur fond blanc)

En présence de membres du groupe Boris Barnet, de la Coordination des intermittents et précaires d’Île-de-France et de Grand Ensemble.

Présentation du projet de film Salaud d’argent : titre provisoire
Au sein de la coordination des intermittents et précaires d’île de France, s’est constitué en 2004, un groupe, le groupe Boris Barnet. Il s’agissait, notamment, de questionner le cinéma depuis un espace de lutte et de fabriquer du commun.
Ce qui était ainsi en jeu n’était pas la découverte d’un cinéma engagé, ni l’analyse de son histoire, mais la question : à quoi engage le cinéma ? Avec, comme postulat, qu’il engage autant celui qui regarde que celui qui fabrique, et que regarder des films ensemble, c’est comme en faire. De fait, ce groupe a pendant plusieurs années « fait » du cinéma en montrant et en regardant ensemble des films. Certains parmi nous se chargèrent de fabriquer des Ciné tracts.
Un jour, quelques membres du groupe Boris Barnet rencontrent un texte et décident à partir de cette lecture de continuer à faire du cinéma par la fabrique collective d’un film. Le texte est un extrait du roman « Les Palmiers Sauvages » de William Faulkner. Le film se fera dans le cadre de l’Enquête menée par la CIP-IDF et le laboratoire Matisse-Isis à l’occasion d’une recherche sur les enjeux de la précarisation et les droits sociaux. Il sera film sera en tourné en 16 mm noir et blanc.

Présentation du film Portraits au travail (sur fond blanc)
Il y a par chez nous des mondes cachés, où des gens passent beaucoup de temps, dans des postures étonnantes… Ils cultivent, cuisinent, creusent, construisent, assemblent, emballent, nettoient, transportent, trient …
Des visages, des gestes, des paroles dans un restaurant d’insertion, un chantier de travaux publics, une usine textile, une entreprise de transport routier, une épicerie de quartier. Un voyage en cinq étapes entrecoupé de paroles de chômeurs enregistrées dans une agence d’intérim d’insertion. Ce que travailler veut dire.


SAMEDI 29 MAI 2010 – 19h
CYCLE OLIVIER DEROUSSEAU
NOUS AVONS BESOIN DU CINEMA POUR HABITER CE QUI NOUS MANQUE

Projections en présence du réalisateur

19h : Bruit de fond, une place sur terre
2001 – France – 45 minutes – Mini DV

Écriture sans concession à la hauteur des interrogations mises en image, le film laisse entendre la rumeur sûre de l’exigence. L’usine, la publicité, la route, les transports en commun : notre monde – soulevé à bout de voix dans la dignité de la lucidité.
Jean Pierre Rehm.

21h : Dreyer pour mémoire
2004 – France – 59 minutes – DV Cam

Il existe un lieu à Roubaix, la Cie de l’Oiseau Mouche, qui accueille et forme des travailleurs/acteurs handicapés, c’est-à-dire déclarés et identifiés comme tels. Des amis. Qui travaillent trente cinq heures par semaine. Cette compagnie domiciliée au lieu dit « leGarage » produit avec ces acteurs des spectacles. Et en reçoit aussi. Ces acteurs sont les protagonistes du film. Cette compagnie est aussi un C.A.T. (Centre d’Adaptation par le Travail). Les C.A.T. sont plus généralement des lieux d’exploitation et de sous-traitance dont les résidents vivent de maigres subsides et de travail ; le travail étant envisagé sous l’angle de l’accueil de la socialisation et du rendement. Le film tente de faire face à cet ensemble de problèmes.
Olivier Derousseau

22h : Accoster
2008 – France – 56 minutes – Super 8 mm & 35 mm – projection en DV Cam

Un départ, la fin de quelque chose. Nous devions quitter une maison promise à la démolition. Cette maison, lilloise, de bois recouvert d’une peau de brique, autrefois habitée par des bourgeois en villégiature, fut un refuge pour des gens qu’on ne tarda pas, à l’aube du 21e siècle, à qualifier de “précaires”. Ses murs et fenêtres furent témoins d’événements heureux, de déchirures, d’arrivées impromptues, de décisions sans retour, de sommeils et de veilles indécents, de préparations laborieuses. Je me suis mis à photographier cette maison alors qu’il fallait en partir. Il s’avère qu’à ce moment-là, la pensée et le travail de Fernand Deligny occupaient une place quotidienne. Ces phrases notamment  :“Nous sommes hantés par un peuple d’images, si vous entendez hanter comme quelqu’un d’antan l’aurait entendu, c’est-à dire habités tout simplement. “ Mais aussi : “Le cinéma, un toit pour les images qui n’ont plus de maisons”. Un livre de Jacques Rancière aussi : Courts voyages au pays du peuple. Il fallait quitter une demeure à demeurés et envisager un accostage.
Olivier Derousseau


SAMEDI 22 MAI – 20H
SOIREE JEAN-LUC GODARD, LA LIBERTE COUTE CHER

Pour fêter la sortie en salle de son dernier film socialisme et pour clore la journée Jean-Luc Godard, voyage en utopie à la Médiathèque de Vaise de 10h30 à 17h nous avons décidé de nous retrouver à DodesKaden pour discuter et voir, ensemble.


VENDREDI 21 MAI – 20H
YVES TENRET : AUTOPORTRAIT DE L’ARTISTE (EN CARACTÉRIEL) CONFERENCE PERFORMANCE – 1H

Face à des images rassemblées pour l’occasion et tirées de ses archives personnelles, Yves Tenret, parle, performe, monologue, décrit. Une auto construction. Une vie. Celle d’un personnage. Celle d’un artiste, d’un insoumis, d’un écrivain. Ce qu’on devient, après la rage de la jeunesse, après l’utopie collective. Comment on la maintient. Ce qu’on écrit. Ce qu’on imprime. Toute une vie mise en tension avec ce qu’elle a produit de textes, de rencontres, d’images, de gestes, de charges et de décharges. Le portrait en creux de toute une génération, celle qui avait 20 ans en 68. Un retour en actes et paroles, sur quelques moments de création et d’enthousiasme. Plus un aperçu sur les travaux en cours et les projets à venir. Yves Tenret à vécu à Bruxelles, Rome, Lausanne et Paris, il a rejoint, formé et s’est fait éjecter de groupes divers, pris soin de réaliser l’art dans la vie, étudié l’histoire sociale de l’art, écrit une foultitude de textes, d’essais, de critiques, publié des romans et un essai aux Éditions de la Différence (Un été, Précis, Humour, Maman, Comment j’ai tué la troisième internationale situationniste, Portrait de l’artiste en révolté…), créé des magazines et des journaux, seul (Le petit Robinet illustré) ou a plusieurs, écrit des scénarios, joué dans des films (Véronique Goël, Loïc Connanski) ; il a travaillé avec Frédéric Pajak, les architectes Berger & Berger au 104, le plasticien Stéphane Magnin à la Force de l’Art. Il collabore à la revue Social-Traître, à la web- radio MNE et enseigne depuis 20 ans, l’histoire des idées aux Beaux-Arts de Mulhouse.


DU JEUDI 13 MAI AU SAMEDI 15 MAI
INSTALLATION DERIVES / VUES DU MONDE

Jeudi de 18h à 21h
Vendredi et samedi de 15h à 20h
Entrée libre

Quatre nuits et un jour
Jayyous * Beyrouth * Khan Younes * Kaunas * Téhéran
(boucle de 33 minutes)

En prolongement du second numéro de la revue Dérives, nous avons choisi de présenter pendant trois jours dans le lieu « Dodeskaden » une mise en espace de « Vues du Monde ». Des regards portés ici et ailleurs, le temps d’un plan : Liban, Iran, Palestine…


SAMEDI 8 MAI – 20h
LIVRE DES MORTS. FILM DE ERIC PELLET

Projection, en présence du réalisateur

Couleur et noir et blanc | son stéréo | sans dialogue | 1 heure 29 minutes | format 1/33 | format d’origine : 16 mm | format de projection : DvCam | 2003

La nécessité des ruines. Les forteresses inutiles, les îles maudites – la peste, le nazisme. Un cinéma qui n’est pas à l’abri du temps, mais qui en soit l’abri, creuset de deuils impossibles – du cinéma, de l’histoire. En cinéma, travailler avec la mort, contre elle. La mort, c’est le passé qui persiste. Le substrat littéraire, la genèse d’un film sises dans l’impossibilité de la mort.

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