La Fraternité Blanche Universelle.

Textes écrits par Yves Tenret dans le n°143 d’Enfant d’abord, juillet/août 1990.

Maternités sous influence – Sous l’association, cherchez la secte

FBU_1.jpg

Lisez calmement. Respirez doucement. Braves gens, oyez la nouvelle : Enfant d’abord s’est fait piéger par une secte. Prenez connaissance du dépliant ci-dessus. Nous en avions fait une information dans l’agenda du numéro d’avril. Y auriez-vous vu le périscope d’un sous-marin nageant en eaux troubles ? Pour partager avec vous notre stupéfaction, notre amusement et notre agacement final, nous vous convions à lire le déroulement de notre enquête dans la chronologie des événements qui dévoilèrent la manœuvre. Secte et périnatalité, il est temps de mettre le pied dans la fourmilière. Des scientifiques et des médecins se font récupérer, piéger, tordre, lessiver, d’autres semblent y mettre une certaine complaisance. Un chef d’orchestre par-ci, un architecte par-là, des symposiums, des rencontres internationales annoncent ici et là que les temps sont venus de croire que la recherche scientifique apporte les preuves que le monde et l’homme sont bien tels que la magie l’avait dit. Le « grand savoir » des religions et de l’ésotérisme redresse la tête, les hommes n’ont plus qu’à baisser la leur…

.

Éduquer l’enfant avant sa naissance, étonnant non ? C’est pourtant la signification de l’enseigne Anep. Cette association prétend faire le bien de l’humanité en conditionnant le fœtus via sa mère, qui sera elle-même conditionnée par les bons conseils de ladite association. Vous me suivez ? Eh bien, vous n’êtes pas au bout de vos découvertes. Car dans l’Anep, il y a du monde et derrière aussi. Attention où vous mettez les pieds…

Début 90, Enfant d’abord rencontre des chercheurs pour faire le point sur les dernières nouvelles de la sensorialité fœtale. Interviews et documentation s’accumulent. Fin mars, l’enquête est bouclée. Pour le cas où quelque nouvelle découverte aurait été exposée au cours des journées organisées par l’Anep sur l’audition fœtale à la faculté de médecine de Paris, nous souhaitons entendre les cassettes des conférences.

Très aimablement une de ses représentantes nous les apporte au bureau. Au cours de l’heure que nous passerons avec elle, cette jeune femme ouverte et enthousiaste nous surprendra plus d’une fois. Qu’on en juge.
« Les ondes, c’est très important, des femmes enceintes qui ont assisté au concert de Madonna ont dû être hospitalisées d’urgence et elles ont perdu leur enfant. » Comment le savez-vous ? « On nous a prévenus, les Samu nous téléphonent. » Qui ça, nous ? « L’Anep. Nous sommes 60 bénévoles sur Paris. » Et notre interlocutrice d’enchaîner sur le fait que l’échographie avant huit semaines est aussi un danger. Et la Fiv donc ? Imagine-t-on le mal que doit se donner une âme pour entrer dans une éprouvette ? C’est pour cela qu’il y a autant de prématurés. D’ailleurs le professeur Relier de la clinique de Port-Royal l’a constaté lui-même. Que vient faire ici ce médecin ? Il fait partie de l’Anep, nous assure notre interlocutrice et comme l’Anep, il est contre l’avortement. Mais il faut rester discret là-dessus de nos jours. Et puis Relier a déjà eu des relations difficiles avec le professeur Minkowski auquel il a succédé.

Des révélations édifiantes

Bon, passons à des choses moins anecdotiques, les conférences de l’Anep dans les écoles par exemple : « Notre organisation intervient dans les lycées sur l’importance de la vie fœtale pour préparer les futurs parents et puis il faut signaler aux jeunes filles que chaque rapport sexuel laisse une empreinte. La femme qui va se faire monter — excusez l’expression — par 5 ou 6 bonshommes d’affilée à 14 ans en est tachée. On le comprend pour les chiens. Si un chien de race est monté par un chien de race différente, même s’il n’est pas fécond, il n’est plus de pure race. Il y a une imprégnation. Chez l’homme c’est la même chose. »

Cette dame, pour laquelle tout est vibrations, nous parla également de champ morphique, de lait sexué hormonalement, du rebirth, des mort-nés, des fumeuses qui accouchent prématurément, du danger des journaux télévisés. « Les informations, que du négatif. Si la terre, elle flambe, s’il y a des tremblements de terre, c’est bien parce que nous sommes comme ça. Tout a une correspondance. Il y a un effet boomerang et ça, la science le démontre. » L’haptonomie ne lui paraît pas intéressante parce qu’élitiste alors que la théorie de Steiner — chacun des 9 mois correspond à 10 ans de vie — lui semble vraie. Elle finit par se vanter de son ouverture d’esprit, de ses dons en astrologie, en numérologie et de ses capacités à « bien faire l’amour » sans avoir besoin pour cela de se saouler ou de se droguer. L’essentiel de son « message » est qu’« un tiers de femmes enceintes sont bêtes, elles ne pensent jamais à leur enfant pendant la grossesse. Elles ne savent pas du tout que ce qu’elles font, ce qu’elles mangent, ce qu’elles pensent, ce qu’elles voient a une influence sur l’enfant. Elles arrivent à la grossesse parce que ça déborde et qu’il faut régler ça… »

Malgré une fin de conversation un peu agressive, elle nous déclara qu’elle était prête à nous laisser les 2 cassettes de la table ronde des journées de l’Anep, qu’elle réservait d’habitude à de rares initiés. Ceci en récompense de notre ouverture d’esprit. Il est vrai que nous l’avions écoutée avec intérêt car ne se présente pas tous les jours pareille occasion de réactualiser ses connaissances sur les théories nuageuses.

Ah ! Former l’homme nouveau !

L’audition de la fameuse table ronde nous apprit que les convictions qui nous avaient été exprimées ce jour-là n’étaient pas particulières à notre interlocutrice mais qu’elles étaient celles de l’Anep elle-même et que l’Anep existe aussi en Espagne et en Suisse avec l’ambition de s’étendre encore ailleurs, comme le confiera sa présidente madame Bertin. Au cours de ces journées. C’est le docteur Serge Biziau qui ouvre le débat. Après avoir salué les femmes enceintes présentes, « porteuses de l’immense espoir de former un jour l’homme nouveau », il dénonce le « matérialisme » moderne et veut réhabiliter la notion de « service à l’autre ». Comme si l’un excluait l’autre !

Le matérialisme en prendra d’ailleurs pour son grade. Il est la cause de la profonde nuit où s’est englouti l’Occident après les lumières du moyen-âge et les vérités révélées au Tibet il y a huit mille ans. Il n’est que temps d’y revenir si on veut sauver le monde. Et cela, en la bonne compagnie de Philippe Cougniault, homéopathe et médecin personnel du Dalaï-lama pendant dix ans. Il se donnera la peine, au cours de la table ronde, d’expliquer à Marie-Claire Busnel, chercheuse au Cnrs, et spécialiste reconnue, le résultat des expériences qu’elle n’a pas encore faites sur l’audition fœtale avant quatre mois. Car « la discussion sur la maturation du système auditif est un faux problème. Pendant la période embryonnaire, le corps subtil n’est pas définitivement accroché au corps physique et l’esprit entend déjà avant la conception. Ce n’est pas un embryon que la mère porte. C’est quelque chose de conscient qui arrive avec une mémoire, des facultés de compréhension et de perception. »

Au milieu de son intervention, le public s’indigne à propos de l’expression « tomber enceinte ». Il répond : « Tomber enceinte, oui, mais parce que nous tombons tous. Nous sommes tous un peu extra-terrestres. C’est-à-dire que nous tombons dans l’enceinte. » Applaudissements, rires.

Simone Veil sur la sellette

Quant au professeur de psychopathologie De Caster, il est venu spécialement d’Espagne pour ces journées. D’abord disciple de Lamaze, puis de la sophrologie, il précise qu’il est depuis un an ou deux dans « la ligne de l’haptonomie » et se dit convaincu par la doctrine de madame Bertin. « Éduquer ce n’est pas informer, persuader, suggérer. C’est faire sortir quelque chose qui se trouve déjà en nous. » Il a fondé « l’école espagnole d’éducation maternelle », 90 centres qui lui sont aujourd’hui associés.
Enfin arrive Maître Varaut, avocat et auteur d’un livre qui plaide contre l’avortement et les procréations médicalement assistées : le Possible et l’Interdit, publié aux éditions de la Table ronde. Il descend d’avion, n’a pas pu suivre les travaux mais il remarque d’emblée que «le terme même de l’existence d’em¬bryons surnuméraires est une manière de dire qu’ils sont en trop et rappelle la formule que l’on employait dans les camps nazis pour ces vies qui ne valaient pas d’être vécues ».

Ce parallèle avec le nazisme avait déjà été fait la veille. « Lorsque Hitler a envahi la Pologne, il a obligé les Polonaises à avorter, je ne comprends pas que Simone Veil, avec sa loi, ait fait la même chose avec les Françaises », s’était indignée une participante. Ni dans la salle, ni à la tribune, ne s’était trouvé quelqu’un pour réagir et inviter à plus de discernement. Maître Varaut pourra donc à son tour donner un coup de patte à Gisèle Halimi, évoquer les pseudo-haras de sperme d’aryens à destination des femmes du Golfe persique, cet auditoire-là ne viendra pas le contredire. D’ailleurs Serge Biziau le remercie d’« avoir précisé un petit peu sur le plan légal l’existence d’un embryon qui, comme le dit la loi, a le droit d’exister et vit depuis sa conception. Or je crois qu’il fait partie aussi de l’esprit de l’Anep de faire prendre conscience de ce que la vie est quelque chose à soutenir, à écouter, à accompagner, quelle qu’elle soit. » Terrain glissant. Il y a des journalistes dans la salle. Fine mouche, madame Bertin, présidente, nuance l’enthousiasme de son animateur, elle précise que l’Anep « n’est surtout pas une association d’opinion mais une association d’information. Et à partir des informations que nous récoltons et que nous diffusons, c’est à chacun, dans son âme et conscience, de se forger une opinion. » La suite de notre enquête prouvera que madame Bertin est vraiment maligne.

Derrière l’Anep, la Fbu…

Visite au Centre de documentation, d’éducation et d’action contre les manipulations mentales créé par Roger lkor : « Vous connaissez l’Anep ? » Notre interlocuteur sort immédiatement un dossier à l’enseigne de la Fraternité blanche universelle, recensée comme secte. A l’intérieur, une conférence de madame Bertin donnée lors du 1er symposium de l’Anep à Fréjus en mai 86. Titre de la conférence : « Une éducation prénatale : la galvanoplastie spirituelle. » Eh oui, nous y voilà ! L’éducation prénatale doit donner à l’embryon puis au fœtus les meilleurs matériaux et conditions pour se développer. Le postulat de départ est celui d’une symbiose totale entre la mère et le fœtus, symbiose incluant le psychisme.

Le fœtus « enregistre dans son psychisme naissant, son tissu cellulaire, sa mémoire organique, ces premiers matériaux qui coloreront sa personnalité future. »

Ensuite, après l’inévitable appel aux civilisations anciennes dont l’Occident rationaliste aurait perdu les secrets et le tout aussi incontournable : « la science l’a prouvé », madame Bertin se lance dans la révélation des « étonnantes capacités sensorielles du fœtus ». La science est censée avoir démontré l’existence de ses capacités sensorielles, de ses empreintes affectives, d’une mémoire cellulaire et de l’action des champs morpho-génétiques chers à Ruppert Sheldrake.

Remarquons, en passant, que chez les fumistes (car c’est bien de cela qu’il s’agit, d’un ramassis de sottises répandues par des méthodes insidieuses), la référence, souvent non donnée, participe au premier chef à l’intox généralisée. La tromperie aussi et sous toutes ses formes. Dès la page 2 de la brochure, le lecteur averti repère que madame Bertin nous signale qu’un « philosophe et pédagogue contemporain » a proposé « une compréhension globale, holistique et simple des processus de la grossesse ». Qualifier « Maître » Omraam Mikhaël Aïvanhov, grand prêtre de la Fbu, d’éminent ceci ou cela est la moindre des choses pour l’un de ses admirateurs mais pour un lecteur non averti, rien ne laisse supposer qu’il s’agit en fait d’un banal gourou bulgare. Dès qu’on le sait, les niaiseries qui suivent s’éclairent sous le soleil d’un œil critique. La mère est l’anode, le fœtus la cathode, le sang de la mère la solution de sel métallique et le soleil, la pile. Mais, c’est bien sûr, bon sang de bon sang ! Comment n’y avais-je pas songé plus tôt ? La mère est une cuve et ses pensées doivent être pures car elles ont des répercussions sur tous les aspects du développement du fœtus. « Les pensées et les sentiments de la mère sont également transmis à l’enfant par les voies hormonales et énergétiques, ce que les chercheurs scientifiques viennent de mettre en évidence » (sic !).

FBU_2.jpg

Ca me fait mal à la créode

Mais, Omraam Mikhaël Aïvanhov affirme quelque chose de tout à fait nouveau. Il dit : « Les états intérieurs de la mère influent sur la matière même des organes qui sont en train de se former. » Et le délire continue. Nos bonnes vieilles vibrations sont de retour. « Ainsi le psychisme de la mère, ses pensées et ses sentiments, informations privilégiées reçues par l’enfant influent-elles sur la qualité vibratoire des cellules de cet être en formation, C’est aussi de cette manière que notre vécu personnel s’inscrit dans les chromosomes de nos cellules et en particulier dans les gamètes, les cellules sexuelles qui vont constituer le capital génétique de l’enfant. » Cette dernière affirmation étant la version généralisante de l’anecdote particulière dite « du chien » de notre porteuse de cassettes. Le champ morphogénétique creusant des « créodes », ce sont donc les mauvaises pensées qui font le monde mauvais.

Ajoutez à cela « l’énergie solaire qu’il est possible de capter au niveau de la bouche, en mâchant longuement », quelques respirations « profondes », et vous avez le catéchisme de base. Les diktats se suivent et se ressemblent : joie obligatoire, état de bonheur, dilatation intérieure à la commande, on baigne dans l’euphorie. Chant, poésie, art sont appelés à la rescousse. Esthétique New-Age ? Vivaldi, Géraldy et Marie Laurencin ? Ça fait froid dans le dos des oreilles…

Le docteur Thomas Verny n’a-t-il pas démontré que face à un gros stress, l’amour de la mère était le « bouclier protecteur » de l’enfant ? Notre méritante maman, donc va travailler sur les couleurs en fixant un prisme qui, par une alchimie métonymique —couleurs pures/pensées pures— va inonder de pureté, etc.. son bébé. On évitera aussi de projeter sur l’enfant des désirs personnels car on a beau être sa mère, il faut quand même savoir qu’on est au service de « l’homme nouveau ». Ce n’est pas tout. « Dans la galvanoplastie industrielle, la beauté de la médaille dépend du métal déposé, mais aussi du ciselé de la pièce initiale, c’est-à-dire, dans le cas de l’enfant, de la qualité du capital génétique. »

Je ne sais pas si vous voyez venir le coup ? Les mœurs ! Des mœurs pures pour améliorer l’espèce. Et là tout compte. Le maître lui-même l’a prêché. « Le germe que le père donne à la mère est de plus ou moins bonne qualité. Ce germe est un résumé, une condensation de sa propre quintessence ; tout ce qu’il a vécu s’exprime là, dans ce germe, car toute notre façon de vivre s’inscrit dans les chromosomes de nos cellules. Les parents doivent se préparer à la conception des mois, des années à l’avance… comme un acte sacré. »

Qu’en pensez-vous ? N’est-ce pas totalitaire ? Imaginez la réalisation pratique de la chose, une société traquant la pensée impure et un barbu comme maître de l’univers. Non merci…

Entrisme à tous crins

Après avoir admis exceptionnellement qu’elle allait mentionner quelque chose qui « n’a pas été confirmé pas des études en laboratoire » mais qui lui paraît tellement important, qu’elle ne peut en priver ses lecteurs, madame Bertin leur révèle que « les pensées, les sentiments, l’état intérieur des parents lors de leur union, créent un champ de force intense qui induit le choix du spermatozoïde vainqueur parmi des millions de candidats, puis parmi les 8 millions de combi¬naisons chromosomiques possibles à partir de cet élu, celle qui vibrera sur la même longueur d’onde que lui ». Tout cela finit par une déclaration d’intérêt public, une interpellation aux gouvernements qui, au lieu de multiplier des hôpitaux et des prisons, feraient mieux de remonter « aux causes pre-mières» et de s’occuper «davantage et mieux des femmes enceintes », ce qui transformerait notre vallée de larmes en un paradis repeint couleurs pastel, lie de vin et indigo.
Quand on veut influencer des gouvernements, on crée soit des groupes de pression, soit on infiltre divers organismes. L’Anep a sûrement là, quels que soient ses statuts officiels, sa raison d’être. Quant à Mme Bertin, elle n’aura pas démérité du gourou. Aujourd’hui présidente de l’Anep, qu’elle a fondée en 1983, elle avait été auparavant, et cela pendant plusieurs années, présidente de la très officielle et méritante Association générale des institutrices d’écoles maternelles. Il semble qu’elle s’en réclame encore pour inspirer confiance. Dame, on ne rentre pas comme ça faire des conférences dans les lycées. Encore que…

Yves Tenret et Nadia Monteggia

Le grand maître de l’Anep a dit que…

FBU_3.jpg

On ne se préoccupe pas des conditions dans lesquelles les femmes mettent leurs enfants au monde, et puis évidemment, quand on se trouve devant une telle foule de détraqués, de malades et de criminels, on construit des maisons spécialisées, des hôpitaux, des prisons, on augmente le nombre d’éducateurs, de médecins, de policiers. Mais cela ne sert à rien. Et même si on continue à faire des milliards de dépenses pour améliorer soi-disant la psychologie et la pédagogie, on n’arrivera jamais à changer cette quintessence que la mère a donnée au commencement. Seule la méthode que je propose est efficace. Aucun éducateur, aucun médecin ne peut changer la nature profonde d’un enfant. On peut lui donner un peu de vernis, mais c’est tout ; toutes les améliorations que l’on peut essayer d’apporter ensuite à son caractère ne sont qu’une sorte de dressage. Il se passe exactement la même chose qu’avec les sauvages ; on arrive un peu à les éduquer, à leur appren¬dre comment manger, comment s’habiller, mais cela ne dure pas : dès qu’ils retournent dans leur tribu, ils redeviennent exactement ce qu’ils étaient auparavant. Si un homme est un criminel, ou s’il est un saint, personne ne pourra le faire changer ; peut-être superficiellement, et pour très peu de temps, on arrivera à l’influencer, mais profondément il restera toujours ce qu’il est. Beaucoup diront que ce plan que je propose n’est pas scientifique. Mais on n’a pas le droit de critiquer mon plan avant de l’avoir essayé. Bien sûr, tout ne s’arrangera pas absolument d’un seul coup, il faut pour cela plusieurs générations. Même si les parents font un grand travail de purification, ils n’arriveront pas à se débarrasser de l’héritage de faiblesses et de vices qu’ils ont reçu de leurs propres parents. Mais s’ils sont attentifs, déjà à la première génération, malgré les éléments défectueux qui arriveront encore à se faufiler chez leurs enfants, c’est le bon côté qui prévaudra. La deuxième génération sera bien meilleure, la troisième meilleure encore et, peu à peu, tous ces éléments défec¬tueux qui restaient du passé disparaîtront. Il faut donc que des gens intelligents et responsables se décident à comprendre l’importance du travail qui se fait dans la mère pendant la gestation, et comment une femme instruite des lois de la galvanoplastie, entourée de soins et d’affection, et soutenue par des conditions matérielles appropriées, a la possibilité de former non seulement le corps physique de l’enfant, mais aussi ses corps astral et mental (c’est-à-dire le corps des sentiments et celui des pensées), à l’aide des meilleurs matériaux. »

La Fraternité Blanche, ses frères, ses sœurs et ses sournoiseries.

FBU_5.jpg

La Fraternité blanche universelle prétend ne pas être une secte. Elle en a pourtant les enseignements et le fonctionnement si caractéristiques. Son fondateur en France, Mikhaël Aïvanhbv, détenteur d’un « savoir secret et sacré », prétendait que ses membres les plus évolués, êtres humains parfaits et initiateurs d’un nouvel ordre mondial, dirigeraient le cosmos tout entier sous la conduite de l’auguste « esprit divin ». En attendant ce grand jour, des adeptes prosélytes infiltrent discrètement ce bas monde tel qu’il est.

La Fraternité blanche universelle (Fbu) a été fondée en Bulgarie en 1904 par le maître spirituel Peter Deunov. D’inspiration bogomil, adora¬teurs du soleil, les adeptes de cette secte étaient 40 000 avant la dernière guerre mondiale. Le mouvement bogomil date du Xe siècle. Sa théologie est dualiste, la lumière s’opposant aux ténèbres comme le bien au mal.
Après s’être affrontés à l’Église officielle, en avoir refusé les trois sacrements (baptême, eucharistie et mariage) et s’être révoltés contre les possédants, les bogo-mils finirent par rejoindre le cours inlassable du monde, pour s’y intégrer. Un concile les condamne en 1211. Ils survivront plus ou moins clandestinement jusqu’à vraisemblablement aujourd’hui, comme tant d’autres viscosités culturelles d’Europe de l’Est. En 1937 Peter Deunov ( 1864-1944) aurait chargé Mikhaël Ivanov (1899-1986) de venir convertir la France. Celui-ci commence son travail d’infiltration par des conférences qui rencontrent un succès mondain. En 1938, il fonde sa première communauté à Sèvres. Certains des articles de presse sur la Fbu que nous avons pu consulter signalent qu’Ivanov était au mieux avec la gestapo pendant la Seconde Guerre mondiale. Qu’il aurait aussi sauvé des juifs comme Marie-Madeleine Davy, autre notoriété dans le milieu des « nouveaux mouvements religieux » (euphémisme sociologique servant à cataloguer les sectes).

Automutilations

Ensuite, la vie française de la Fbu est scandée par les habituels faits divers qu’engendrent inéluctablement les groupements de la nébuleuse ésotérique. Ivanov est condamné en 1948, pour détournement de mineurs et viol collectif, à quatre ans de prison et dix ans d’interdiction de séjour. Il ne fait que deux ans de pénitencier, s’exile, voyage en Orient et développe une nouvelle communauté à Vevey en Suisse. Puis revient en France où ses disciples ont continué à prospérer en attendant le retour de leur martyr.

En 1971, l’une des adeptes, âgée de vingt-deux ans, Diane Boutay, est retrouvée sur une route du Var proche de la propriété du Bonfin à Fréjus, principal centre français de la Fbu depuis 1945. Elle s’est énucléé l’œil gauche et percé les pieds et les mains. Elle déclarera : « Je me suis mutilée pour me punir et me rapprocher ainsi de Dieu. »

Le mois précédent, c’est une autre jeune femme, Huguette Tuffière, trente-trois ans, qu’on avait découverte pendue à un arbre.

Les deux affaires n’eurent aucune suite judiciaire.

Saluer le bras droit levé…

En 1974, c’est le jeune Emmanuel qui se suicide dans le métro parisien. Et ceci pendant que des notables tels que Pierre Billotte (député du Val-de-Marne et maire de Créteil) ou le général Chevance-Bertin soutiennent la demande de naturalisation d’Ivanov, qui depuis 1960 se fait appeler Omraam Mikhaël Aïvanhov. La vie au Bonfin est, elle aussi, typique du sectarisme. Culte collectif rendu au soleil lors de son apparition matinale, salut le bras droit levé, jeûnes réguliers, régime végétarien, soumission totale, endoctrinement perpétuel, pas de contacts avec l’extérieur, refus de la médecine « classique » et pas de rapports sexuels sans la permission expresse d’un supérieur. Tout comme sont archétypiques les divers entrismes pratiqués par des convertis doués de sens pratique. Ici une association, I’Anep (cf article p. 24), dont l’activité de façade semble inattaquable, là un journal gratuit, le Lien, diffusé à 125 000 exemplaires dans tous les magasins de diététique de France. Ailleurs une conférence sur les médecines parallèles pendant laquelle l’un ou l’autre « docteur », plutôt que de refiler sa came ouvertement, la diffuse subliminalement de ci, de là, dans un coin d’une diapo ou lors du pot réunissant ceux qui veulent en savoir plus.

Ou encore une exposition, « Le soleil et le point de vue héliocentrique », présentée dans les écoles et autres lieux publics. Cette exposition a abusé l’Éducation nationale pendant quatre ans jusqu’à ce que des enseignants de Vernon dans l’Eure, se rendent compte de la manipulation. Habilement, les informations astronomiques et médicales induisent le message pseudo-philosophique selon lequel : « Plus on approche du système solaire, plus notre conscience s’approche de notre propre centre, de notre esprit, de notre moi supérieur où nous trouvons la paix, la liberté, la force. » Quarante panneaux pour convaincre que le soleil se trouve en nous-mêmes et faire l’amalgame entre sciences et religion. Dans le numéro de Paris Normandie du 10 février 1984, Didier Bureau rapporte l’affaire. « Incroyable mais vrai. Une exposition a fait le tour des lycées, maisons déjeunes et autres Crdp (Centres régionaux de documentation pédagogique) sans jamais éveiller l’attention. Et cela dure depuis quatre ans. A l’origine, en juin 1979, le « jour du soleil » a donné l’envie à une équipe « pluridisciplinaire » d’enseignants, médecins et graphistes (dont on s’est bien gardé de nous donner les noms) de monter une exposition sur le soleil et « le point de vue héliocentrique ». Séduisant. Elle sera présentée à Montpel¬lier et recueillera les félicitations du jury. Et puis, elle sera améliorée, clairement (et richement) présentée pour aller faire le tour de la France… Et du monde (Bruxelles, Londres, Genève, Montréal, etc.). Et elle tourne encore. Jusqu’à cette semaine où elle a été accueillie au lycée de Vernon (Eure). C’est la ville qui avait accepté et, faute de place, proposé de la tenir au lycée. En toute bonne foi. Il faut dire que les organisateurs sont allés voir la municipalité, quelques jours avant, avec un dossier « musclé ». Rien que des éloges et des recommandations d’autres villes et d’autorités du monde enseignant.

Appelez-moi maître

Une lettre de l’inspecteur d’académie de Lozère, en mars 1981, encourage les enseignants de la ville de Mende à venir visiter. « Outre la qualité intellectuelle et esthétique de cette exposition, je tiens à vous signaler combien j’ai été sensible à son message éducatif… » Et d’autres lettres encore, de directeurs de Crdp, de l’inspecteur d’académie de Montpellier, etc. « Pour nous, c’était un blanc-seing », nous a expliqué M. Troyon, maire-adjoint de Vernon. Évidemment, comme l’administration du lycée, la ville a accepté d’accueillir cette exposition sur le soleil, recommandée par son intérêt pédagogique. Le temps s’est brouillé le jour où l’on a vu effectivement arriver la quarantaine de panneaux. » La secte a très bien survécu à la disparition du Bulgare en 1986. Elle semble même s’être développée, ramifiée et diversifiée comme vous le détaillent nos
deux articles page 40 : « Un certain lien avec la Fbu » et « La Fbu au Nouveau Monde ». Philippe Mailhebiau, proprié¬taire du Lien, semble avoir été pendant un temps le successeur du gourou. Une guerre a eu lieu entre les prétendants. L’a-t-il perdue ?

L’un des rédacteurs du Lien, Olivier Clerc, a écrit un livre, Appelez-moi maître, paru aux éditions Partage en 1987. Livre dans lequel il donne justement du « maître » à son rédacteur en chef trois fois par page et qui laisse à penser sur la transmission de l’enseignement de la Fraternité. Ce livre est bien sûr un plaidoyer en faveur des rapports de soumission volontaire. Cela en devient, au-delà du grotesque, presque comique : « Vous ne voulez pas d’un Maître qui vous guide, mais vous voulez bien d’une maîtresse qui vous mène par le bout du nez ! » Cette constatation n’est-elle pas d’une profondeur insondable ? Cet ouvrage détaille aussi des pratiques de manipulation psychologique, par exemple : donner raison d’emblée à son adversaire pour le rassurer. De la servilité aux lavements intestinaux, Olivier Clerc ne nous fait grâce d’aucune de ses turpitudes.

Aperçu de la pensée Prisunic : « Pour un vrai disciple prendre un Maître signifie devenir spirituellement une femme, un être réceptif, apte à recevoir les germes spirituels d’Amour, de Sagesse, de Bonté que le Maître déposera en lui, et à en former ainsi un enfant divin qui n’est autre que lui-même transformé et ressus¬cité ; on peut ainsi dire, dans un état de conscience élargi, que le Maître est à la fois l’époux et le père de ses disciples. »

Que dire des disciples ?

Il suffit d’ouvrir n’importe lequel des livres d’Aïvanhov pour sentir qu’un autoritarisme absolu habitait la moindre de ses pratiques. Son opus complet, 400 à 500 entrées à la Bibliothèque nationale, est le recueil effectué par des personnes énamourées, de ses propos de table. Creuses divagations, compilation superficielle de diverses niaiseries, de faux bon sens et de franc délire. Avant lui les religions étaient des sectes et il est venu en faire la synthèse. Il opère sans vergogne des coups de force explicatifs en com- blant toutes les lacunes des grands textes « sacrés » de l’humanité, il bétonne le mystère.

Grande sensation, révélations majeures : enfin on nous éclaire sur les crimes commis par les deux larrons crucifiés auprès de Jésus, sur ce que Bouddha prenait à son petit déjeuner et ce que le Dalaï-lama fait de son beurre lorsqu’il ne l’utilise pas pour graisser son thé. Ceci admis, il faut avancer un peu plus dans la réflexion. Le gourou n’est rien. Des types qui racontent des conneries, il y en a des tonnes. Aïvanhov avail trouvé une excellente combine. Elle a fonctionné. Le problème n’est pas là. L’épine dans notre pied, ce sont les disciples. Tous ces gens hagards, comme des âmes en peine hantées par le désir de se soumettre, et prêts à tout gober pourvu qu’on les délivre de la responsabilité à ,. penser par eux-mêmes, d’incarner une part de notre liberté commune. Quel que soit le show, il ne suffit pas d’insulter les stars, ce sont les groupies qu’il faut aussi fouetter de sarcasmes salutaires. Le combat des chefs n’aboutit jamais qu’à changer la couleur de l’oppression. A présent, ici et maintenant, face à la déferlante de sottises irrationnelles que nous allons prendre en pleine poire, New âge et autres Mickey auréolés, il y a urgence à réagir.

Bonjour, les Agarthiens !

Ces paumés, toute hiérarchie confondue, ne sont pas nos ennemis parce qu’ils chantent des mièvreries à la face du soleil ou parce qu’ils mâchent cent fois chaque bouchée de la plus insipide des nourritures mentales, mais parce que leur idéal de société, leur fraternité universelle est intégralement réactionnaire, bestiale et terrifiante. Cette apologie de la résignation peut conduire au pire. Revenons à nos brebis. Pourquoi chez ces gens-là y a-t-il une telle obsession de la parturiente ? Parce que l’émancipation de la femme marquerait la fin de leur règne, quelle que soit l’importance quantitative de celui-ci. N’allez pas imaginer une confrontation entre méthodes pseudo-naturelles et surmédicalisation de la gestation et de l’accouchement. Il ne s’agit pas du tout de ce type d’affrontement. L’enjeu n’est pas là mais dans l’ensemble des rapports de pouvoir. Pour Aïvanhov, la femelle est cuve et l’homme esprit, tout ce bazar fonctionne principalement sur la métaphore, poudre aux yeux jetée à profusion dans le terreau impatient d’esprits faibles. La galvanoplastie ne mérite pas qu’on s’y attarde. C’est une trouduculterie. Il n’y a pas ici de débat d’idées mais uniquement une guerre de mœurs et cette guerre ne peut être que totale.

Agnès Lejbowicz, disciple et hagiographe d’Aïvanhov raconte une histoire qui peut vous donner une bonne idée de ce qu’il y a dans la tête de madame Bertin lorsqu’elle harangue bourgeoisement des auditoires de professionnels de la périnatalité et des femmes enceintes ou lorsqu’elle s’adresse à des lycéens. « D’après le Maître, l’intérieur de la terre est creux : il n’est pas du tout occupé par un feu central comme la science le prétend. Au contraire il est le lieu de cette culture extraordinaire des Agarthiens où règne la meilleure organisation politique : la synarchie, et où habitent des êtres plus évolués que les hommes. Cette terre, où l’on trouve aussi des montagnes, des lacs, des rivières, une flore, une faune, etc., est éclairée par un soleil intérieur. Les êtres qui l’habitent ne sont pas soumis comme nous à la pesanteur et possèdent des connaissances techniques qui dépassent les nôtres… Il est vraisemblable que se sont eux, et non des êtres venus d’autres planètes, qui, depuis l’explosion de la bombe d’Hiroshima, inquiets sur le sort de notre humanité, commencent à nous rendre visite en se déplaçant sur ce que l’on appelle des soucoupes volantes. »

Des pratiques inquiétantes

Excusez cette citation un peu longue mais elle permet de bien poser un certain nombre de questions. Jean-Pierre Relier, chef de service néo-natal de Port-Royal et membre fondateur de l’Anep est-il un Agarthien ? Est-il manipulé par madame Bertin ou est-il une tête molle ? Nous aurions aimé lui poser ces questions mais il n’a pas donné suite à nos appels. Que savent les conférenciers de ceux qui les invitent lors des symposiums, de la sous-marque de la Fbu spécialisée en vie prénatale ? Rien ? Tout ? Un peu ? Marie- Claire Busnel, chargée de recherche sur la sensorialité fœtale au Cnrs, cautionne-t-elle cette misère mentale ? Voici sa réponse : « L’Anep m’a invitée à deux symposiums. Les hypothèses sur l’âme présente avant la conception ne sont pas prouvées. Je reste ouverte. Je n’ai pas d’opinion. Sur la galvanoplastie spirituelle, je n’aimerais pas mettre le doigt là-dedans. Des conceptions tibé¬taines et du reste, c’est difficile de parler car on n’a pas de preuves expérimentales sur tout cela ».

Infiltrations discrètes

Le témoignage d’un père dont la fille et la femme ont été embrigadées dans la secte, nous donne un aperçu des dégâts prati¬ques. « Ma fille, Marie, a vécu les deux premières années de sa vie avec sa mère qui fait partie de la Fbu. Depuis, elle vit avec moi mais fréquente malgré tout cette secte durant le temps qu’elle passe avec sa mère. En dehors des problèmes de carence alimentaire dont elle a souffert pendant ses deux premières années, des problèmes d’ordre psychologique dus au peu de temps que sa mère lui a consacré, Marie n’est pas sortie d’affaire. A quatre ans et demi, elle parle d’être un bon disciple, appelle Vérité le chat qu’elle vient de dessiner, chante l’amour, la fraternité, la liberté. Mais d’autres phénomènes m’inquiètent davantage comme le fait qu’elle ait tendance à considérer chaque partie de son corps comme indépendante du reste : « mes doigts ont voulu se pincer dans la porte », « mon corps a soif », « mes pieds ne veulent plus marcher »… ou comme l’apparition, depuis quelque temps, du « petit ange » qui est là pour qu’elle s’endorme mais aussi pour animer ou défendre chaque partie de son corps. Maintenant, c’est le petit ange qui a soif, c’est le petit ange qui va s’étouffer si elle mange trop. Et puis, ce petit ange semble aussi remplacer le petit doigt d’autrefois. Il sait tout, on ne peut pas lui mentir. Plusieurs fois, je l’ai surprise, immobile, les yeux fermés : elle regardait le petit ange. (…) Aïvanohv se présente à elle comme le deuxième père de sa mère. (Il dira même à une petite fille au moment où son père a voulu quitter la Fbu, la mère désirant y rester : « Oublie ton père, je serai ton deuxième papa. ») » Extrait de la revue Bulles, n »6, le bulletin de liaison pour l’étude des sectes de 1985. La description qu’Anne-Marie Franchi, vice-présidente de la Ligue de l’enseignement, donne des sectes, dans Enjeux et débats de février 90, convient exactement à celle qui nous préoccupe. « Sectes masquées, duperies en tout genre. Il n’est pas facile de repérer telle secte derrière chacune de ses manifestations. Des organisations comme Moon sont expertes en fondation de filiales spécialisées. La pénétration passe ainsi à la fois par la publicité et par la discrétion, ce qui permet d’infiltrer de nombreuses institutions. Les milieux les plus touchés en France sont ceux des cadres, des enseignants et des médecins. Des mouvements venus tout droit de la « nébuleuse » ou directement d’une secte masquée, s’introduisent ainsi jusque dans la recherche, et presque personne n’y voit malice. Telle publicité pour les vacances se révèle recouvrir un centre rural mystérieux, totalement coupé de son environnement. Autre exemple de la stratégie du masque : Nouvelle Acropole dissimule une réalité politique d’extrême droite derrière une façade culturelle ; d’autres, moins connus, s’emparent comme par hasard d’un coin de table dans une manifestation prestigieuse ou un congrès syndical qui figureront ensuite parmi leurs références. »

Préceptes expéditifs

Maître Aïvanhov avait lui aussi son avis sur les sectes, qui vaut d’être connu. « La religion catholique n’est pas universelle. En rejetant un grand nombre de vérités essentielles comme la réincarnation, les lois du karma ou l’importance du soleil pour la vie spirituelle, elle aussi s’est coupée des vérités universelles, et elle est donc une secte. C’est que la jeunesse actuelle a besoin d’autre chose que ce qu’on lui propose, elle a besoin d’une vision de la vie plus large, plus vaste, plus noble, plus juste, et c’est ce qu’elle va chercher dans les sectes. » La vérité, la justice… tout le monde est pour. Mais Aïvanhov, lui, connaît les moyens de les faire triompher, moyens qu’il communique à ses adeptes dans les formules inspirées qui suivent : « Vous prononcez les paroles : « Que tous les ennemis de la Fraternité blanche universelle soient éloignés, chassés, rejetés… (vous pouvez choisir le mot qui vous convient) pour la gloire de Dieu » (six fois). Les ennemis de la Fraternité blanche universelle ne sont pas des hommes et des femmes, ce sont des esprits ténébreux qui entrent en eux pour se manifester et détruire le travail divin. On a donc le droit de les chasser, on a même le droit pour certains de dire : « Qu’ils soient pulvérisés, qu’ils soient foudroyés, anéantis ! »» A bon entendeur salut ! Voilà donc la vision qu’avait de ses adversaires celui pour qui « même la venue d’Hitler a été calculée et décidée d’avance pour qu’il puisse donner des leçons à certains ».

Yves Tenret

La prose du Maître

FBU_6.jpg

Voici un florilège de citations, choisies dans la prose indigeste du défunt Aïvanhov, citations illustrant ses prises de position sur les sujets habituels d’Enfant d’abord.

CONCEPTION

« Voilà un domaine dont il faut s’occuper : les conditions intérieures dans lesquelles doit se faire la conception afin de déclencher les forces positives qui inviteront les entités supérieures à venir s’incarner sur la terre. Au lieu de continuer à offrir des demeures à tous les esprits malfaisants du passé qui tournent autour des humains en cherchant à se réincarner, il faut accueillir les esprits lumineux. Malheureusement, à cause de leur ignorance, il existe beaucoup plus de candidats pour accueillir les entités diaboliques qui feront le malheur de la société. On entend souvent des parents se plaindre : « Mais qu’avons-nous fait pour avoir ce démon dans notre famille ? » Ça, malheureusement, ils ont fait quelque chose, ne serait-ce qu’en étant ignorants, car l’ignorance est le pire des malheurs. »

FBU_7.jpg

LA FAMILLE

« Tant que la petite famille sera à la première place, rien ne pourra s’arranger. Le désordre, l’anarchie existent à cause de cette mentalité des humains pour qu’il n’existe rien de plus grand, de plus vaste que leur petite famille. Parce que chaque petite famille ne pense qu’à son bonheur, sa satisfaction, son avantage personnel et cela empêche de s’occuper de la grande famille. Car ne croyez pas que nous vivrons éternellement avec les membres de notre famille actuelle ; c’est seulement pour une incarnation, et Dieu sait seulement où ils seront ensuite ! Alors, est-ce que cela vaut la peine de sacrifier des choses éternelles pour une famille qu’on aura seulement pendant une existence ? … Ce qui vaut la peine, c’est d’avoir une famille pour l’éternité. Moi, justement, je travaille pour avoir une famille pour l’éternité… et je l’aurai ! Car ce que je cherche à vous donner, c’est beaucoup plus que ce que peut vous donner une famille ordinaire. »

LES LOIS

« Bien que les lois créées par les hommes n’aient pas la même raison d’être que les lois de la nature, tant que l’on vit dans une société où elles sont très puissantes, il vaut mieux s’y soumettre (respecter le code de la route, par exemple)… Si vous pouvez les transgresser sans qu’on s’en aperçoive, la nature ne vous en tiendra pas rigueur, car ce n’est pas son affaire. Mais seuls les êtres exceptionnels, les êtres prédestinés parviennent à s’élever au-dessus des lois de la nature et des lois morales. Ces êtres ont toujours existé, existent et existeront, mais ils sont très peu nombreux. Ils peuvent tout se permettre sans jamais commettre un crime ou un péché. C’est très difficile à expliquer, mais j’ai reçu dans ce domaine des révélations fantastiques dont vous ne pouvez avoir aucune idée, car il est impossible d’en parler. »

LES ENFANTS

« Je sais que l’avenir de la Fraternité est dans les enfants. S’il y a quelqu’un qui aime vos enfants, c’est moi, le seul ; vous, vous ne les aimez pas. Non, même si l’enfant est en danger de mort pendant que sa mère est auprès de Dieu, quand elle reviendra elle le sauvera. C’est comme les enfants que leurs parents amènent chaque matin sur le Rocher pour assister au lever du soleil. On peut penser qu’il serait préférable pour ces enfants de rester tranquillement au lit. Eh non, car même s’ils s’endorment sur le Rocher, ils s’imprègnent de cette ambiance de prière, de méditation, de contemplation ; ils reçoivent les rayons du soleil qui sont des esprits conscients. (…) Du moment que vous êtes le père ou la mère d’un enfant, vous êtes responsable de ses actes. (…) Il est certain que si vous ne surveillez pas les enfants, ils iront jeter des pierres contre les vitres des maisons voisines ou les lampadaires de la rue, s’amuseront à boucher une canalisation d’eau ou à mettre le feu dans une poubelle. On est vraiment étonné, parfois, de voir tout ce que l’imagination des enfants peut inventer comme bêtises ! C’est pourquoi chacun est responsable des actes de ses enfants, entendez par là : ses pensées et ses sentiments.

EdA_143.jpg

Aucun article à afficher