Esquisse pour une auto-diffusion d’après le livre de Jean-Michel Palmier : BERLINER REQUIEM

Film de David Legrand, 2011
Je n’ai pas oublié que dans Berlin se trouvent la source, la carrière et les raffineries de toute la dramaturgie allemande.

Splendeur d’un film fauché

C’est parce qu’il vaut mieux lire et filmer en vivant, que mes voyages se confondent avec ma bibliothèque, la maison de ma grand-mère et une émission de télévision.

Je me traduis en Jean-Michel Palmier entre 2003 et 2006. Je voyage dans le Berlin du XXIème siècle avec un ami, deux caméras : une petite numérique et une 16 mm beaulieu, et pour seul guide le livre de Jean-Michel Palmier : Berliner Requiem. Ce livre remarquablement écrit est une sorte de vade-mecum du flâneur berlinois, une succession de « vignettes écrites » qui confronte, dans une évocation fragmentaire, le Berlin des années 1970, enchevêtrement de ruines et d’immeubles modernes, au Berlin du passé hanté par Brecht, l’expressionnisme en son déclin et la montée du Nazisme.

Alors, j’erre dans Berlin pour y retrouver des traces ou des images du livre que je filme en lui-même.

4 ans après, grâce à Youtube, je retrouve tous les documents qui me manquaient.
Et comme je ne cesse de considérer la vidéo comme un atelier, je les monte brutes avec la matière filmique que j’avais récoltée.

David Legrand, 2011

(Le film est en version sous-titrée en Anglais)

BerlinerRequiemST33.jpg

Brève allocution avant la première projection du film au Back-up Festival de Weimar, Lichthaus Kino, Mai 2011

« Je commencerais par dire que je ne fais pas des films pour faire du cinéma mais pour exposer et témoigner des moyens d’existences et de luttes collectives ou encore pour le dire autrement montrer « La haute expression plastique de la collectivité » et ici avec ce film Berliner requiem transmettre les forces du passé au présent.

Je voudrais dire aussi que je ne considère pas ce film comme un film personnel mais un film de groupe ou collectif avec des inconnus, des anonymes, des amateurs ou des auteurs qui ont posté des morceaux de films sur internet.
Vous verrez aussi que j’ai eu tendance à privilégier les films en basse définition car je pense qu’à l’époque de la haute définition il faut essayer de faire des films qui font apparaître « la somptueuse plasticité contemporaine des images de basse qualité, ressaisie comme occasion de palette flamboyante » pour citer cette belle expression de Nicole Brenez reprise d’un article à propos de Film Socialisme de Jean-luc Godard et par solidarité avec « les conditions sociales de notre style », c’est à dire nos moyens d’existences.

Oui, notre cinéma à de moins en moins tendance à vouloir s’intégrer dans l’ancien système, en cherchant des producteurs et distributeurs pour produire et montrer un film.

Nous préfèrons les financer puis les diffuser nous-mêmes. Même si cela nous prend beaucoup plus de temps.
Et je n’ai pas peur de dire que grâce à l’auto-diffusion sur internet : You tube, face book, dailymotion, site personnel et d’ami(e)s, Blog …
Moyens le plus adéquate à mes yeux, concordant avec ma raison de fabriquer des films, en évitant le système que je déteste et qui se caractérise aujourd’hui par ses trois mots : sélection, exception, distinction.

C’est ça le plus important. Projeter à domicile, et s’auto diffuser sur internet c’est encore là que l’on découvre des films dont la fonction première : est de raccorder et de relier.

Dans ces niches, le cinéma se porte très bien.
Grosso modo, ailleurs que dans les salles, où l’on ne voit plus grand chose et je pense que c’est fait exprès. »

D. L. 2011

BerlinerRequiemST22.jpg

Aucun article à afficher