En quête de cinéma avec Nicolas Rey, Nathalie Nambot et les membres de L’Abominable

Ballade sonore dans Marseille, novembre 2012

A l’heure du tout numérique, il nous a semblé important de faire l’écart vers l’outil sensible que peut être la prise de son au Nagra. Toucher de nouveau cet outil à bande magnétique, les regarder tourner, écouter sa sensibilité, le temps d’une promenade dans la ville de Marseille.

6 bobines,

pour 6 plans sonores,

sans montage,

tel est la tentative de cette émission, l’espace de quelques rencontres.

Une émission, autour du film « Autrement, La Molussie » de Nicolas Rey et du laboratoire cinématographique d’artistes L’Abominable. L’enregistrement a eu lieu le 29 novembre 2012 pendant la semaine asymétrique au polygone étoilé.

En quête de cinéma sur Nagra

On a appris il y a peu la mort de Stefan Kudelsky, l’inventeur du célèbre enregistreur à bande « Nagra ». Comme son nom ne l’indique pas sauf si l’on est polonais comme lui, Nagra signifie « Il enregistre ».

Ce n’est pas par nostalgie que nous avons eu envie d’évoquer ici ce vieux matos né en suisse en 1951, mais bien par ce que cinéastes et animateurs de notre en quête de cinéma, nous venons de réaliser nos trois dernières émissions avec lui et qu’on se demande ce qui nous prend de vouloir continuer.

À l’origine, c’est un accident, ou plutôt un incident qui nous a mis sur la piste du Nagra lors de notre émission avec Aaron Sievers. Ce soir-là nous butons sur une impasse technique avec notre numérique, quand  finalement le magnéto à bandes du cinéaste nous sauvera d’un chou blanc. Au-delà de ça, alors que j’étais à la prise de son cette fois, je peux dire que j’ai dégusté chaque seconde de l’enregistrement dû à la qualité et au confort d’écoute. J’avais la sensation d’être pleinement présent lors de cette émission, de la goûter dans le temps réel.
Il faut dire que tout cela faisait vraiment sens avec ce que nous racontait Aaron sur sa pratique cinématographique, son attachement à la pellicule, à la matière.

Changer de bobine après environ une quinzaine de minutes d’enregistrement nous plaçait aussi dans un rythme, dans une durée, ce qui impliquait des ruptures, des inattendus. Nous avons donc décidé d’en tirer les avantages en choisissant le tourné-monté.

Alors on a remis ça pour l’émission suivante avec les cinéastes Nicolas Rey et Nathalie Nambot, mais cette fois pour une déambulation urbaine à Marseille. On a du coup fait l’expérience de l’encombrement et du poids, les deux impondérables du Nagra. Il est certain que pour les reporters de radio France de l’époque, cela tenait plus de l’exploit sportif. Pour nous, je crois que cela nous a permis une meilleure conscience de l’environnement sonore immédiat, alors que la présence physique du Nagra liée à celle du corps participe aussi à cela. En ce qui me concerne, je retrouvais finalement dans le son ce qui m’intéressait déjà à l’image avec l’utilisation d’une caméra 16mm ou super 8.  Une conscience plus intense d’être dans l’instant, sans doute augmentée en partie par une tension où le physique et le mental se rejoignent. Je dirais qu’il s’agit là de qualité qui passe autant par l’acte, le son ou le matériel lui-même. Cela n’a d’ailleurs pas avoir avec une idée de perfection bien au contraire. Il s’agit plutôt de matière, de sensibilité qui fait sens par rapport à la démarche que l’on choisit. Avec Nicolas et Nathalie, nous étions une fois de plus à cet endroit cohérent, alors que nous évoquions ensemble le film « Autrement la Molussie » filmé avec de la pellicule 16mm périmée et diffusé en neuf bobines aléatoires.

Sans personnellement être inconditionnel à l’utilisation du Nagra, c’est un désir qui devrait se prolonger si les conditions le justifient tant en radio qu’en cinéma. Vous me direz en ce qui nous concerne, les deux sont liés.

Fabrice Coppin, 2013

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