Echos d’échos

Vidéos de Zoheir Mefti, 2011-2012

« Saisir une tranche de temps, c’est-à-dire penser l’image non plus comme un dispositif dans sa globalité industrielle (un système d’images et de sons qui passe au crible d’un régime de financement, de réseaux de diffusion, de distribution, etc.), mais précisément comme une « pratique d’urgence », à la fois comme geste initial (voire primaire car souvent dépourvu de montage ou autre traitement dans les premières vidéos du projet en question) et geste vital, puisque mû par la seule nécessité de dégager des traces afin de (se) fabriquer « en temps réel » une mémoire vive, et par là même, se situer techniquement (esthétiquement), et donc consubstantiellement, dans un ordre éthique et politique par rapport aux images, aux événements et aux technologies. En d’autres termes, se positionner par le geste en pensant le monde par l’outil. »

In Chroniques du geste. (l’écart comme pratique du cinéma)
texte de Zoheir Mefti autour d’échos d’échos

We Make It Happen

15 minutes, 23 août 2012

Rire des enfants,
discrétion des esclaves,
austérité des vierges,
horreur des figures et des objets d’ici…

Voici le temps des Assassins.

Une mort à vivre

12 minutes 30, le 29 mai 2012

La nuit trop jeune se brisa
Chétif sursaut
Un jour de démence

Aux professionnels de la profession

1 minute 20, 22 mai 2012

JE aime
Der freie Gebrauch des Eigenes das Schwerste ist
L’usage libre du propre est la tâche la plus lourde
[Hölderlin à Böhlendorf]

Le cri silencieux

56 secondes, 13 mai 2012

12 mai
Minuit
Madrid
Puerta del Sol

Faible lueur
Plus lourde sera la nuit

Lettre de ma prison

4 minutes 48, 12 mai 2012

Puisqu’une parole nous est donnée
Puisqu’une pensée nous est due

Aux amis lointains
Morts et vivants

Un chapelet pour le dernier des dictateurs

8 minutes 35, le 29 mars 2012

Passation de pouvoir
Par-delà masques et rituels
Tapis rouge
Cuivres tambours choeurs cortèges parades brassards bannières dattes petit lait étoiles lances écus sabots ferrés
Grommellement
Ovations
Silence
Silence
Un chien de garde bavant de la gueule : « SILENCE ! »
Discours pro domo :
J’appâte mon amour agonisant
Le traîne vers moi
Puis à mes pieds
Lui jette les restes de mon arrogance
De ma main repentie
Le soulève la honte au ventre
Sans mettre bas ma frayeur de l’aveu
J’aime à la porter autour du cou
La corde de l’opprobre

Les anges au temps du voyage

1 minute 36, le 27 mars 2012

Tard la nuit, dans un bar madrilène, j’apprends la mort de Tonino Guerra. Je reprends un vin. Tendres adieux…

L’image à droit

7 mars 2012

Susurrement :

Encore que la nuit venue
Y a ta cavale dans la rue
Qui hennit en te klaxonnant

Le Droit la Loi la Foi et Toi

Et cetera
Et cetera
Et cetera

De l’art de vivre

8 février 2012

Après la fête
Et le silence des fanfares
La douleur de l’inconscience
La douleur de l’oubli

De la guerre de réappropriation

30 janvier 2012

Un jour sur un mur parisien :
« La mana fuit, réinventons la magie. »
Cri lancinant
Ardent désir de reconquérir ce dont nous avons été dépossédés par des décennies de contre-révolution :
LA VIOLENCE.

De fleurs et de suie

28 décembre 2011
1 minute 33

L’effroi d’une déchirure

Il a la couleur du sang
mais ne coule pas
Il sèche très vite
et tient très bien
Il est « alimentaire »
car sans danger au contact de la peau, voire même dans la bouche
Il ne tache pas
Il se nettoie à l’eau tiède
tant sur la peau que sur les vêtements

Circulaire française

27 décembre
_
2 minutes 48

Un sourire d’une âpre allégresse se dérobe hors de moi, en silence, sermon endimanché sans possibilité d’en conjuguer les fêlures, d’en déjouer les travers, d’en étreindre les ardeurs, d’en consumer les bribes enchanteresses, d’en absoudre les vers transis. Nul dédain. Nulles plaintes. Flux et reflux de mains cendrées, de figures rassises, de prières argentées… à râteler aux heures vengeresses, lorsque les prouesses du désir n’ont plus de poids et que les proies ébouriffées pleurent leur bourreau déchu. Legs de vermine que les corbeaux becquettent en rois sur l’asphalte desséché pendant que les chiens, las de leur fidèle gale, s’effondrent, un à un, sans plus de force ; les rats, eux, attendent impassibles – à chacun sa pitance.

Autoportrait biométrique

18 décembre
3 minutes 24

C’était aux temps des cités modernes
Des votes et des grandes fatigues
Les rues étroites pullulaient d’âmes errantes aux visages et corps tatoués
Cela s’appelait l' »enregistrement »
dispositif reléguant tout un chacun à sa « normalité » :
un blog, un appart’, une retraite, un jardin
ainsi que d’autres portions d’hystérisation diffuse qui épousaient les reliefs d’une représentation
jusque-là tenue pour vraie.

Mais un jour
Un jour de printemps
Ces âmes décidèrent de dissimuler leur maladie pigmentaire
Sous de fières étoffes et autres guêtres flamboyantes
Elles se mirent à planer
Insensiblement
Commencement d’un astre
Enchanteresse lévitation
Nulle sentence ne semblait en tarir la calme obstination ni en atténuer la grâce
Icône d’une aube sous la friche aux pieds bétonnés
Elles planaient et tout leur était à présent étranger

Sans plus de poids

Elles étaient chacune
Les voilà toutes
Des soi-même entre eux

C’était aux temps des larves voraces
et des geôliers qu’on appelait par leurs noms

C’était un jour de printemps..

Au bord de la mémoire

11 décembre
2 minutes 33

Sorte d’ode déchirée dans le brouhaha incessant de l’histoire, somme toute qu’on récrit.
[« Comment se souvenir de la soif ? », (Sans soleil, Chris.Marker)]
« Fonction de la mémoire », dont l’autoroute en consacre – aussi bien symboliquement que d’un point de vue fonctionnel – une des formes de dépérissement sans jamais en atteindre l’annulation (puisque répétée, retracée) ; fragments épars, privés de points de jonction.

How long is the future ?

22 novembre
1 minute 08

Autour des événements en Égypte (le Maréchal Tantaoui doit prononcer un discours face à une Place Tahrir qui ne cesse de gronder.)

Au nom du peuple

20 novembre
1 minute 40

Scrutin sans surprise
Et cette vidéo,
regard hagard
sur une commémoration démocratique (20 novembre.)

L’Europe intègre

19 novembre
2 minutes 35

En effet, à la veille des élections présidentielles espagnoles (un certain 20 novembre, te souviens-tu Barbara.)
Et puis, moi, étranger parmi les étrangers
Marcheur parmi les marcheurs
En cette vaste terre des songes.

La révolution numérique est terminée

7 novembre
2 minutes 53

(…) Pour l’heure, cette petite vidéo faite « à chaud » autour d’une actualité aussi sinistre que ceux qui la pleurent..
Ainsi à l’aide d’une petite caméra « pourrie » – il s’agit d’une petite caméra que je me remets à utiliser du fait des excellentes limitations qu’elle propose en matière d’image/ son -, j’aurais tenté de me (re)situer dans le vaste marasme..

Par nécessité (de l’image,
image donc mémoire..)

 » Petit cinéma, petite magie, petite image qui me sert à la ramener à moi » aurait dit Johan von der Keuken, mais il est vrai que le corps n’est plus beau à voir……….

Aucun article à afficher