Comme un vent qui nous pousse dans le dos

Film de Caroline Beuret, 2010
Vidéo, nb et couleurs , sonore, 18mn
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Auto-portrait, manifeste journalistique, essai psychédélique, vision du monde et d’un temps passé maintenu dans la suspension du temps présent, le film est une recherche de corrélations entre état du monde et état d’âme.
Fragments de rencontres. Un chemin se dessine au creux de choc contractés par des gens, des foules, des groupes, des chorégraphies, des photographies, des films, des écrits, des performances, ma famille, une ville.

Film mitraillette

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Le point de départ c’est Marseille. Les points de suture c’est une autre terre encore plus étrangère, exogène, des points de fuite, qui n’en sont pas, Et revenir là. Je découvre la ville et elle me le rend bien. Regards en biais.
Ce jour je tourne le dos à une visite commentée au lendemain d’une manifestation. Hier ma caméra au poing, demain, mon téléphone portable.
C’est la guerre des images, des représentations, il n’y a qu’en mouvement, que le calme se fait, que le corps se pose, une extrême nage, un énième crowl, et le chien, la voisine, d’ici où là, un aboiement en forme de guerre.
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Les clivages figés de la guerre froide ont laissé place à un monde liquide, Et je ne peux dire exactement qui je suis ni ce que je désire, parce que je suis comme n’importe qui, essentiellement changeant. Jean Genet. et la nouvelle histoire globale, en lieu et place d’un siècle divisé en blocs, s’est intéressé aux réseaux d’échanges économiques, aux transferts démographiques, aux hybridations culturelles à l’échelle de la planète. Enzo Traverso.

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Rafales de bruits
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Passages par le vent des trajets, routes, voie ferré, arrêt dans un recoin de la ville inondé par la musique d’un spectacle de rue. Hip-hop.
Musique improvisées il était une fois, miettes de résonances musicales et sublime d’une partition inconnue qui sème le désordre ou l’ordre de l’angoisse, de l’hésitation, de la montée du suspense d’un film de fiction, musique de film « à l’aube d’un jour nouveau » souligne le caractère suranné et cynique, de foules criantes dont on ne saisit pas bien le sens des mots prononcés, comme si le message était dit à l’envers.

Clameurs sourdes
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Une foule dissonante apparaît au détour resserré d’un virage qui fait rugir le moteur, l’essoufflement se tait pour laisser entendre un appel joyeux, puis des voix délavés.
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Un peu plus tôt des voix se sont élevés. Comme suspendus de la nature chaotique du segment qui les embourbent. Prophétiques.
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D’autres sons humains, des paroles quelquefois, de voix enregistrées qui servent d’instrument, percussions de mot qui annonce un devenir dans le film.
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Le bruit du temps c’est le silence
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Annonces courtes qui se voient étouffées, qui resurgiront pour laisser place à d’autres tournants de cette composition qui se dessinent en lien à l’image modelée, étirée, dressée, en face à face à ces sons, incessants souffles qui créeront des trous dans l’air, arrêté du temps, et des vagues qui se transformeront en raz de marrée.
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Accompagné de chants devenus au fil du temps. Des paroles parlées qui se sont mués en chants religieux, contestataires, celui d’une guitare…
_ Symphonie qui s’écrase dans les flots, comme le souffle d’un souvenir, et le goût amer de l’oubli.

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